économie | premières élections en novembre Les très petites entreprises convoitées par les syndicats

La démocratie sociale s’ouvre aux très petites entreprises, dans lesquelles le délégué du personnel n’existe pas. En novembre, leurs employés seront appelés à désigner les syndicats qu’ils jugeront les mieux à même de les défendre.
B. M. - 04 oct. 2012 à 05:00 - Temps de lecture :
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Les syndicats rivalisent d’imagination pour mobiliser des salariés qui les ignoraient jusqu’à présent.     Photo Pascal BROCARD
Les syndicats rivalisent d’imagination pour mobiliser des salariés qui les ignoraient jusqu’à présent. Photo Pascal BROCARD

Incroyable : au XXI e siècle, le plus gros employeur du pays n’offrait jusqu’à présent aucune représentation syndicale à ses salariés !

DOSSIER

Le premier employeur de France, c’est l’ensemble des « très petites entreprises », les TPE, qui emploient chacune moins de onze salariés. Petits commerces, entreprises artisanales, associations… Les employés de ces structures n’ont jamais été appelés à élire de délégués du personnel, encore moins de comités d’entreprise.

Pour la première fois, ces exclus du champ social vont pouvoir s’exprimer dans des élections professionnelles. Une initiative héritée du gouvernement Fillon, qui avait souhaité disposer d’un instrument de mesure de l’influence des différentes organisations syndicales dans les TPE. Il était en effet paradoxal que ces salariés voient leurs droits négociés par des syndicats envers lesquels ils n’avaient aucun moyen de pression ou d’expression.

Du 28 novembre au 12 décembre prochain, les salariés des TPE et les employés à domicile sont donc invités à voter non pour des candidats physiquement identifiés, mais pour le syndicat de leur choix. Les résultats de cette élection, organisée par région, par collège (cadres ou non-cadres) et par branche permettront d’établir le poids de chaque organisation syndicale, qui pourra ensuite s’en prévaloir dans les négociations collectives.

Depuis la fin de l’été, les grandes centrales syndicales multiplient les offensives vers ce milieu professionnel, qui leur échappait jusqu’à présent, afin de convaincre les salariés de ne pas négliger ce sondage en grandeur nature.

Pas assez d’avantages sociaux

Il y a du grain à moudre : selon un sondage Harris Interactive cité par le site Micro-entreprise. info, 80 % des salariés de TPE « regrettent de ne pas disposer d’instances interentreprises offrant des avantages, comme des réductions sur les voyages ou des cadeaux d’entreprise », et 65 % déplorent « l’absence d’avantages sociaux comme les tickets restaurant ou l’adhésion automatique à une mutuelle professionnelle ». Plus au fond, les organisations syndicales représentatives participent à l’élaboration des conventions collectives et à la gestion de la Sécurité sociale et de l’assurance chômage.

S’il est difficile de faire saisir par les salariés l’intérêt, pourtant réel, de cette consultation, l’Etat a voulu en revanche en simplifier l’organisation au maximum. C’est pourquoi les électeurs, informés par courrier à leur domicile, pourront voter pendant deux semaines par correspondance ou sur internet, et les employeurs n’auront pour leur part aucune tâche particulière à assumer. Reste à faire passer le message : les syndicats s’y emploient à grand renfort d’affiches et de visites, et le ministre du Travail, Michel Sapin, a promis une campagne dans la presse, à la radio et sur internet au moment de l’élection, pour inciter au vote.

Le gouvernement

a ouvert un site d’information pour le grand public : www.electiontpe.travail. gouv.fr.