En 1982, alors qu’il était technicien des PTT et entretenait la ligne de câble Paris-Clermont-Ferrand, il voit deux collègues se faire renverser par une voiture. Un traumatisme qui décide Jean-Pierre à se réorienter vers la sécurité routière : "Ma sœur avait une auto-école à Créteil. Je me suis dit que devenir enseignant en conduite était un bon moyen d’agir. Apprendre à conduire une voiture, c’est le premier maillon de la sécurité routière". Brevet de moniteur en poche, il travaille une vingtaine d’années dans plusieurs auto-écoles en région parisienne. "J’aime enseigner la conduite aux jeunes. C’est valorisant pour eux d’avoir leur permis voiture. Je veux qu’ils soient bien formés à conduire sans risquer leur vie et celle des autres. Aujourd’hui par exemple, ils doivent tenir compte des pistes cyclables en ville", explique Jean-Pierre. En 2006, cet homme engagé adhère à FO. C’est entre autres pour lui une sorte d’hommage rendu à une militante du syndicat qui l’avait soutenu dans sa reconversion. "Après l’accident de mes collègues, elle est venue me voir. Elle m’a épaulé. C’était quelqu’un de très humain", se souvient-il. Les années passent et en 2017 Jean-Pierre entreprend de créer le tout premier syndicat FO des salariés des auto-écoles. Il frappe à la porte de la fédération FO Métaux, laquelle l’appuie pour monter une section. Dans un secteur où 49 % des auto-écoles sont des TPE, créer un syndicat était nécessaire : "Les gérants délèguent l’application de la convention collective à leur expert-comptable, et il y a beaucoup de problèmes dans les contrats de travail. En agence, la pratique des heures supplémentaires non majorées ou payées en liquide reste hélas courante".
Le travail de la section FO reconnu
Depuis sept ans, Jean-Pierre s’applique donc à informer ces salariés de leurs droits. Passé moniteur à mi-temps, il a fait grandir, avec quatre autres militants, la section FO ECSR (enseignement de la conduite et de la sécurité routière), qui comprend aujourd’hui plusieurs dizaines d’adhérents. "J’ai développé un site d’information juridique sur le droit du travail et notre convention collective. Je diffuse ces actualités aux auto-écoles. Aujourd’hui, on commence à être connus. Et les salariés nous appellent en cas de problème", se réjouit-il. Avec ses camarades de section, Jean-Pierre représente aussi FO au Conseil supérieur de la sécurité routière et à la branche des Services de l’automobile, dont dépendent les écoles de conduite. Sa plus grande satisfaction ? Avoir réussi l’an dernier à booster les salaires pour les moniteurs. Ils grimperont ainsi de six échelons dans la nouvelle classification des auto-écoles au 1er janvier 2025. Ils auront à réaliser de nouvelles activités, comme des interventions en entreprise sur la sécurité routière.
"J’en suis très content, car ce métier était mal payé et peu reconnu. Là, le premier niveau de salaire va passer à 2 029 euros brut, c’est déjà mieux". Et le militant entend suivre de près l’application de cette nouvelle grille : "Je veux m’assurer que ça suive sur le terrain !"
Ariane Dupré