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Coiffure : FO porte les revendications des salariés

A trois mois des élections professionnelles dans les très petites entreprises (TPE), qui se dérouleront du 22 mars au 4 avril, la FGTA-FO reprend, en lien avec les Unions départementales FO, ses tournées d’information dans les salons de coiffure. Ceux-ci sont particulièrement concernés, la quasi-totalité des entreprises du secteur comptant moins de 11 salariés. La dernière tournée, sur Annecy (Haute-Savoie) et Chambéry (Savoie), avait été interrompue à l’annonce du deuxième confinement le 28 octobre, alors que Stéphanie Prat-Eymeric, secrétaire fédérale FO chargée du secteur, se trouvait sur le terrain.

La tournée « TPE » repart de Grenoble

En prévision des nouvelles rencontres avec les salariés-coiffeurs, les 19-20 janvier à Grenoble (Isère) et le 26 janvier à Avignon (Vaucluse) (sous réserve de nouvelles restrictions de déplacement liées à la crise sanitaire), des piles de la 7eme édition du Guide des droits du salarié dans la coiffure et l’esthétique, édité par la FGTA-FO, sont déjà prêtes.

Trop de salariés coiffeurs méconnaissent encore leurs droits et tout ce que peut leur apporter le syndicat. Historiquement, FO a toujours été présente dans le secteur. Elle est la seule organisation à compter des coiffeurs dans l’équipe chargée des négociations, rappelle la secrétaire fédérale, qui compte profiter de la tournée pour distribuer le Guide. Une bonne entrée en matière, pour souligner l’importance de choisir une représentation syndicale portant concrètement leurs revendications, et comparer la pertinence de ce qui a été négocié dans la branche, au regard des besoins sur le terrain.

L’angoisse de perdre son emploi

Ce que les salariés coiffeurs redoutent le plus aujourd’hui, c’est de perdre leur emploi. Le retour de l’activité à un bon niveau, en décembre, ne rassure pas. C’était la première fois depuis le début de la crise sanitaire, si l’on met de côté les quinze jours de travail intenses qui ont suivi la sortie du premier confinement, en mai. Mais cela ne signifie pas grand-chose : décembre est un mois traditionnellement chargé en raison des fêtes, commente Stéphanie Prat-Eymeric. Avec la généralisation du couvre-feu à 18h, à compter de ce samedi 16 janvier, l’activité devrait diminuer de nouveau.

La profession, qui compte quelque 110 000 salariés coiffeurs, est déjà particulièrement impactée par les conséquences de la crise sanitaire : le recours au chômage partiel a été massif pendant les trois mois de fermeture en 2020. Et il a persisté (dans une moindre mesure) les autres mois de cette année catastrophique, faute d’un retour de toute la clientèle. Fin septembre, selon une étude patronale auprès de 1 454 salons, 30% d’entre eux constataient une baisse de 11% à 20% du chiffre d’affaires sur la période mai-août 2020 (comparée à celle de 2019) et 22% enregistraient une baisse d’activité supérieure à 20%.

Accord de branche APLD : tous les salariés préservés du risque de licenciement

Face à ces perspectives incertaines, la FGTA-FO a négocié et signé, fin novembre 2020, un accord permettant la mise en place de l’activité partielle de longue durée (APLD), spécifique à la branche. Plus favorable que le dispositif de chômage partiel de droit commun, qui est dépourvu de protection contre le risque de licenciement économique et dont le niveau d’indemnisation va baisser à partir du 1er février (à 72% du salaire net contre 84% jusqu’alors), il prend tout son sens dans le contexte actuel.

Cet accord, en cours d’extension et conclu jusqu’au 30 juin 2022 (dernière date possible pour une demande d’accès au dispositif, NDLR), maintient une indemnisation des heures chômées à 84% du salaire net. Surtout, précise Stéphanie Prat-Eymeric, la FGTA-FO a obtenu que les engagements de maintien de l’emploi portent sur l’intégralité des emplois de l’entreprise recourant à l’APLD, et non pas sur les seuls emplois mis en APLD. Cela signifie qu’il ne pourra y avoir aucun licenciement économique pendant la durée d’application du dispositif et jusqu’à deux mois après la fin du dispositif.

La couverture sociale garantie

Quant à la réduction du temps de travail ouvrant droit à indemnisation, elle pourra être portée de 40% à 50% de la durée légale sur décision de l’autorité administrative. Dans ce cas, la revendication de la FGTA-FO a été satisfaite : les employeurs devront compenser la différence entre 40% et 50%, en payant à taux plein ces 10% d’heures chômées supplémentaires.

Enfin, les changements de planning ne pourront être imposés aux coiffeurs salariés, sans qu’ils soient prévenus au moins sept jours à l’avance. Et, poursuit Stéphanie Prat-Eymeric, la réduction du temps de travail ne pourra être inférieure à une demi-journée de travail, sans coupure. Cette disposition va obliger les employeurs à respecter des tranches horaires minimales. Ils ne pourront demander à leurs salariés de se déplacer pour moins de 3h30 de travail.

Les heures chômées n’impacteront pas la couverture sociale : elle est garantie par l’accord. En contrepartie des efforts demandés aux salariés, la FGTA-FO a obtenu que les dirigeants salariés recourant à l’APLD dans leur salon s’engagent, pendant la durée de l’accord, à ne pas augmenter leur rémunération fixe.

Minima conventionnels : FO revendique une augmentation moyenne de 3,5% sur toute la grille

Dans l’actualité de la branche, il y a aussi la négociation imminente d’un accord sur les minima conventionnels 2021. Les employeurs doivent faire leurs propositions lors de la CCPNI du 28 janvier (Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation), précise la secrétaire fédérale FO, pour qui il y a urgence à revaloriser les minima. Depuis deux ans, la reconnaissance salariale n’est plus à l’ordre du jour pour les employeurs. Ils jouent le jeu de la mise à niveau du SMIC, dénonce-t-elle.

Conséquence, le 1er janvier, un troisième échelon de la grille conventionnelle (le niveau 1 échelon III qui concerne la majorité des salariés coiffeurs) est passé sous le SMIC brut, à 1.554,58 euros par mois. Pour rétablir une grille cohérente et qui conserve des écarts significatifs entre les échelons, l’ensemble des syndicats dont la FGTA-FO fait front, et demande une augmentation moyenne de 3,5%, pour toute la grille.

Le PASS Solidarité TPE ou le geste solidaire de Force Ouvrière

Dans ce contexte grave, pour donner un coup de pouce au pouvoir d’achat des salariés coiffeurs, la FGTA-FO fait un geste solidaire. A tous ceux employés en TPE, elle donne un accès gratuit et sans engagement, jusqu’à fin mars, à sa Plateforme avantages, habituellement réservée aux seuls adhérents FO. Il s’agit d’un CE virtuel, qui permet entre autres de bénéficier de promotions sur des milliers de produits de la vie quotidienne, sur des loisirs ou des activités sportives. Pour accéder au PASS solidarité TPE, il suffit de s’inscrire (www.tpe.fgtafo.fr).

Les salariés coiffeurs y trouveront également des informations sur les droits et sur ce qui a été négocié dans la branche, comme la prévoyance. A ce titre, déplore Stéphanie Prat-Eymeric, tant les régimes de prévoyance que celui de la complémentaire santé ont un fonds d’aides sociales, alimentés par les cotisations des salariés. Ces fonds sont très peu sollicités. Les coiffeurs salariés qui rencontrent des difficultés financières ne doivent pas hésiter à déposer un dossier, appelle la secrétaire fédérale. Avis aux intéressés !

Zoom : Minima conventionnels : la grille 2020 boostée de 2% dans l’esthétique

Après deux années sans accord sur les minima conventionnels dans l’esthétique-cosmétique, 2020 aura marqué une rupture salutaire. L’avenant à l’accord du 22 octobre 2020, signé par la FGTA-FO en novembre dernier, entérine une hausse des minima de 2% à 2,09% sur toute la grille. Elle est désormais aérée. Il n’y a qu’un échelon [le coefficient 135, échelon A, NDLR] situé en-dessous du SMIC 2021, commente Stéphanie Prat-Eymeric, secrétaire fédérale chargée également de l’esthétique. Elle n’a qu’un mot pour qualifier l’accord : une victoire. D’autant que la clause de revoyure, intégrée à l’avenant, prévoit une renégociation dans les deux mois suivant la hausse du SMIC, si celui-ci devient supérieur au minimum du coefficient 135.

Actus