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Dunkerquois : des patrons de petites entreprises galèrent pour trouver des salariés

Ex-salariés, ils ont créé leur entreprise dans le Dunkerquois et aujourd’hui ils le regrettent. La principale cause de leur ras-le-bol ? Les difficultés pour trouver du personnel motivé, quelle que soit leur branche, malgré moult candidatures. Ils sont boulangers, pâtissiers, à la tête d’une microcrèche ou agriculteurs et sont confrontés au même souci. À chaque fois, les candidatures affluent, mais quand vient l’heure de signer un contrat, la situation se gâte régulièrement. Tranches de vies professionnelles pas toujours roses.

Temps de lecture: 5 min

Indélicatesse et arrêts maladie à répétition

Une boulangère a craint le pire pour la santé de son mari. Quand, en 2001, le couple rachète une boulangerie-pâtisserie proche de Dunkerque, il n’imagine pas une seconde ce qui l’attend. Dans les Flandres, tout s’était bien passé. D’un côté, ils vont devoir faire face à une caissière qui se sert dans la caisse et le reconnaît ; de l’autre à un boulanger qui multiplie les arrêts maladie : « 51 en 28 mois », chiffre la patronne. En raison de leur courte durée, son mari ne peut pas prendre un remplaçant et trime pour deux. Il déclare une tendinite, sa tension chute à 8, son moral flanche. « J’ai mis du temps à m’en remettre », avoue-t-il, encore tout tourneboulé à l’évocation de cet épisode.

Le couple finit par licencier le boulanger, même s’il n’en avait pas le droit dans la mesure où il a toujours présenté des certificats médicaux. Il lui en coûtera 25 000 €. Et la vendeuse prendra la porte après signature d’une rupture conventionnelle. « Nous n’avions pas porté plainte la première fois, nous pensions qu’elle allait arrêter », raconte l’épouse. Ces sommes, ajoutées aux emprunts, font qu’aujourd’hui « on ne peut plus se permettre d’embaucher de vendeuse et nous travaillons avec une apprentie au lieu de deux auparavant ». Certains jours, la patronne travaille pendant 11,5 h. Quant à son mari, il a opté pour la multiplication des CDD avant de faire signer un CDI à son nouveau boulanger. « J’adore mon métier, mais si je devais recommencer, je resterais salariée. Patronne, c’est trop de soucis », lâche l’ex-vendeuse de supermarché.

Équipe réduite

À 7 km de leur boulangerie, un pâtissier partage cet avis. Pourtant, « je voyais l’installation comme un aboutissement, un rêve. Si j’avais su… », résume-t-il. Il a aussi été confronté aux arrêts multiples de vendeuses, « les jours de beau temps » surtout, et aux frais de licenciement. Même si les malades postaient sur les réseaux sociaux des photos de leurs « balades ». Et une autre employée « a préféré arrêter de travailler, plutôt que de modifier légèrement ses horaires » un jour par semaine. Échaudé par ces expériences, le pâtissier propose des CDD plutôt que des CDI, d’autant que les problèmes ont débuté après la signature d’un contrat à durée indéterminée. L’artisan a aussi réduit son équipe. « De douze, nous sommes passés à cinq », commente celui qui s’occupe désormais un peu de la vente. Si la coupe dans les effectifs s’est accompagnée d’une réduction de la voilure, elle ne se double pas d’une perte d’argent en raison de la diminution des charges sociales. L’autre bête noire des employeurs.

La mécanisation, faute de mains

La mort dans l’âme, un agriculteur du Dunkerquois développe peu à peu la mécanisation. Lui assure ne pas recourir aux services de la main-d’œuvre polonaise, « pour l’instant. Mais je ne sais pas combien de temps ça va durer, même si je préfère faire travailler en priorité les gens du Dunkerquois ». Il peut cependant compter sur une poignée de fidèles et de « nouveaux » sur son exploitation (mais pas dans les champs), recrutés grâce au bouche-à-oreille.

Un de ses confrères galère particulièrement « les lundis. Les lendemains de week-ends sont parfois durs pour certains ». Ces jours-là, ne restent dans ses champs que les plus courageux. Les deux agriculteurs étant bien conscients de la difficulté de leur métier.

Sept contrats pour un poste

« La mise en route de la microcrèche, ça a été chaud. Mais ce n’est rien par rapport au reste des étapes à passer. » Depuis janvier, la responsable de la structure a déjà signé sept contrats pour tenter de pourvoir un unique poste proposé.

Avec son binôme davantage chargé de la partie technique, elle a été confrontée a des démissions après trois jours de travail, un même. « Certains n’ont aucun scrupule à vous planter du jour au lendemain. D’autres sont là juste pour les droits au chômage », lâche-t-elle, dépitée.

Pensant qu’elle oubliait certains points importants lors des entretiens, comme les horaires parfois décalés, l’ouverture de la microcrèche six samedis par an (sans obligation de tous les travailler), elle y associe désormais tout le reste de l’équipe autour d’un café et de petits gâteaux. Mais la situation n’a pas évolué.

Ancienne salariée, elle « essaie de créer une bonne ambiance. Mais en contrepartie, j’ai besoin de personnel de confiance. Je tombe des nues. Je ne leur ai pas mis le revolver sur la tempe pour qu’elles signent ». Alors, heureusement, elle peut compter sur le reste de l’équipe composée « de filles sur qui on peut compter, aussi arrangeantes que réglo  ».

Si les changements passent comme une lettre à la poste auprès des enfants, les parents, eux, sont un brin plus chagrinés. En cas de faux bond, la responsable prend le relais, en plus de ses créneaux et de ses tâches administratives. « Nous avons un devoir de réussite, parce que derrière nous il y a des emplois. »

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